EDITO PAR RICHARD BIONIC

Salut, moi c’est Richard alias Bionic Sneakers ou Richard Bionic sur les réseaux sociaux J’ai 35 ans et je suis créateur de contenus et vidéaste. En mai 2011, j’ai eu un accident de la voie publique en deux-roues. Une voiture a grillé un feu rouge et m’a percuté violemment ! J’ai subi dès le départ une opération pour sauver ma jambe, car l’artère était bouchée. L’opération s’est bien passée, mais malheureusement le sang n’a pas circulé de nouveau jusqu’aux orteils. Ils ont pris la décision de m’amputer les orteils deux mois après mon accident. J’ai enchaîné de nombreuses opérations pour retrouver la flexion de mon genou, car impossible pour moi de le plier à plus 30 degrés. Je me suis fait opérer une vingtaine de fois de 2011 à 2015 (avec une pause de quelques mois en 2013).

Je jonglais entre les opérations et le centre de rééducation ! C’était une période pas très joyeuse pour moi, car je devais garder la face devant mes proches qui me soutiennent et m’encouragent depuis le début, mais quand tu enchaînes opération après opération et que tu te rends compte qu’il n’y a aucun changement, tu déprimes. Tu ne comprends pas pourquoi ça t’arrive à toi… Étant en centre de rééducation, on prend vite conscience qu’on n’a aucune raison de se plaindre. Ce sont des personnes qui avaient beaucoup plus de problèmes de santé orthopédique ou neurologique qui me boostaient. Elles avaient le sourire et la motivation à ce moment, je n’avais aucune raison de me plaindre, enfin surtout pas devant eux ! Ça te permet de continuer à te battre et surtout quand il y a ta famille et tes amis qui sont là pour toi, pour te soutenir et t’aider dans cette nouvelle vie. Avoir un accident te permet de faire le tri dans ton entourage, beaucoup de déceptions, mais il faut être focus sur l’avenir, se fixer un objectif, même dans une dizaine d’années. Il faut toujours y croire, c’est ce que je me répétais chaque matin en étant hospitalisé !

Malheureusement en 2015 rien n’avait réellement évolué, j’ai subiune arthrodèse, une opération qui m’a permis de ne plus avoir mal, mais je n’avais plus la possibilité de plier mon genou. Le but était de bloquer la flexion et ça m’a complètement changé la vie à ce moment. J’ai justement essayé de reprendre une activité professionnelle dans le commerce à temps partiel pour retrouver une vie active avec des collègues, une vie loin du milieu médical. C’était important pour moi et ça m’a fait du bien. J’avais toujours ce problème de réflexion qui était très contrariant dans ma vie quotidienne. Il y a des activités que je ne pouvais plus faire donc c’est pour cela qu’en 2017, avec l’accord et les conseils de mon médecin, j’ai pris la décision de me faire amputer de la jambe gauche, niveau fémoral, car je voulais
retrouver une meilleure qualité de vie !

Avant l’amputation, j’avais accepté mon handicap, le regard des autres, mais après c’était tellement différent, le regard change ! J’étais vraiment mal, je n’arrivais plus à accepter mon handicap j’étais revenu à zéro. Et pour rebondir, j’ai dû faire un énorme travail sur moi-
même pour reprendre confiance, la famille et mon petit cercle d’amis m’ont beaucoup encouragé, ils m’ont aidé à accepter mon handicap ! Pour reprendre confiance et accepter mon nouveau corps, ça va paraître bizarre pour beaucoup, mais les réseaux sociaux m’ont beaucoup aidé.

On me dit souvent que les réseaux ont un aspect négatif, mais pour moi c’était le contraire. J’ai commencé à poster une photo pour me montrer avec ma prothèse à des personnes extérieures de ma vie et j’ai reçu énormément d’encouragement, ça m’a tellement aidé à accepter le regard. J’ai commencé à sortir en short pour faire des petits trajets, pour me confronter aux regards et petit à petit on commence à prendre confiance et à se lancer de nouveaux objectifs.

Alors j’ai repris ma liste de rêves que je m’étais fixé au début de ma rééducation. Je voulais partir seul à l’autre bout du monde pendant plusieurs mois, transmettre mon message d’espoir et d’acceptation sur les réseaux sociaux et prouver aux personnes qui n’ont pas cru en moi que j’allais rebondir et réussir à être heureux dans la vie malgré mon handicap. Aujourd’hui c’est le cas, je peux dire que j’ai réussi.