De la ligue 1 aux Jeux Olympiques et Paralympiques, l’audiodescription est mise en place pour la toute première fois de l’histoire des Jeux, en France dans notre belle capitale. ASA France et plus précisément Thao, a travaillé pendant plus d’un an pour proposer le meilleur service à destination des non ou malvoyants. Il revient sur cette folle aventure !
Qui es-tu et que fais-tu dans la vie ?
Moi c’est Thao Coubrun, je suis journaliste indépendant, spécialisé dans le média télé et le sport en particulier. Je suis correspondant à la Région pour certains médias, dont Canal + et je fais beaucoup d’enseignement dans le journalisme au sein de l’école supérieure de journalisme de Lille. À côté de ça, je suis très impliqué dans l’association ASA France pour laquelle je gère l’audiodescription de sport dans les Hauts-de-France. Ce sont des commentaires audio à destination des personnes non ou malvoyantes.
Comment as-tu découvert l’audiodescription ? Et pourquoi t’impliquer pour ce sujet ?
J’ai découvert ça en 2018, quand j’étais à l’école de journalisme de sport. Il y avait des étudiants de master qui eux faisaient des commentaires audio au stade Pierre Mauroy de Lille et un soir de match, il y eu un absent et ils m’ont proposé de tenter l’expérience. J’ai découvert ça durant un match de ligue. J’ai été formé sur le tas, j’ai vraiment adoré l’expérience, d’abord du commentaire, parce que quand on est passionné de sport, le commentaire sportif, c’est quelque chose qui est passionnant et surtout parce que c’était à destination des personnes non ou malvoyantes. Cette méthode permet vraiment de rendre le sport accessible à tous. Puis de fil en aiguille, je me suis investi davantage aux côtés du président et j’ai pu commenter durant la coupe du monde féminine. J’ai ressenti encore plus l’impact de l’exercice quand j’ai pu commenter le match d’ouverture au parc des Princes à Paris avec le président. J’ai vraiment pu ressentir à quel point l’audiodescription est importante
Après des années à être présent dans les matchs de Ligue 1 ou encore pour des compétitions nationales de sport, l’audiodescription arrive pour la toute première fois aux Jeux Olympiques et Paralympiques, comment cela se fait-il ?
C’était un cap très important à franchir, pas seulement pour notre association ASA France, mais aussi pour l’audiodescription sportive en général. Les Jeux Olympiques et Paralympiques, il n’y pas plus haut comme compétition. Si on peut mettre l’audiodescription sur ce genre d’événement mondial, on peut le mettre en place partout, sur n’importe quel sport, c’est ce qui nous a poussé à répondre à l’appel d’offres de Paris 2024. On peut remercier les organisateurs de Paris 2024 d’avoir poussé pour mettre en place l’audiodescription, pour la toute première fois de l’histoire des Jeux. C’est une fierté que ça arrive en France, dans notre belle capitale, à jamais ça restera les premiers Jeux à être accessible jusqu’aux commentaires audio pour les non-voyants. Malheureusement, il n’y a pas eu tous les sports, parce que ça demande beaucoup de logistique, de budget et d’organisation, donc il a fallu faire un choix. Paris 2024 a décidé de couvrir tous les sports couverts. Un premier pas important qui marque le début d’un changement. Nous sommes fiers également d’avoir remporté cet appel d’offres et d’avoir pu travailler sur l’un des plus beaux événements mondiaux chez nous.
Quand on met en place un tel dispositif durant les Jeux Olympiques et Paralympiques, à quoi doit-on s’attendre comme retours de la part des spectateurs et spectatrices ?
On espère des retours qu’ils soient positifs ou négatifs, car c’est important pour nous de toujours être à la hauteur et les retours nous permettent de nous faire évoluer. Ici, pour Paris, nous étions bien accompagnés par l’équipe d’organisation, qui recevait des retours et nous les transmettait, ce qui nous a permis à plusieurs reprises d’améliorer nos commentaires et surtout de coller au plus près au langage sportif
de chaque sport. Ça ne nous est pas beaucoup arrivé à Paris 2024, mais voilà à quoi on peut s’attendre comme retour
de la part des bénéficiaires.
Si c’était à refaire Thao ?
Si c’était à refaire, bien évidemment que oui, j’y retourne, mais je me préparais peutêtre autrement. Je pense que c’est bien d’avoir des expériences comme ça, car ça nous permet de construire, d’avancer et de faire évoluer l’audiodescription sur plusieurs axes. Ça nous fait grandir humainement. Même si j’étais fatigué, car on ne va pas se mentir, on met notre vie personnelle en pause pendant plus de deux mois, qu’il y a beaucoup de fatigue qui s’accumule et que ça demande une grande concentration et exigence au quotidien, je le ferais de nouveau et chaque jour sans hésiter. J’espère que Paris 2024, n’était que le début de l’audiodescription pour les Jeux Olympiques et Paralympiques !
Interwiew menée par Rose Aguesse.