« Derrière l’impossible, se cache toujours un possible » Après des titres de multiple champion d’Europe et vice- champion du monde junior de BMX, Axel évolue et se consacre au motocross « Mon père m’avait promis que si j’étais champion d’Europe de BMX, il m’achetait une moto. Tant pis pour lui, j’ai été plusieurs fois champion d’Europe… » Pilote professionnel, il est considéré comme un grand espoir du motocross français, catégorie sénior. Il gravit rapidement les échelons nationaux pour représenter la France aux championnats du monde MX2. Malheureusement, sa chute lors du Championnat du monde de Lettonie 2010 en décidera autrement et marquera un tournant dans sa vie à l’âge de 20 ans seulement. Devenu paraplégique et désormais ancien champion de motocross, Axel a pour ambition de ne pas délaisser le milieu du sport.
Qui es-tu et que fais-tu dans la vie ?
Je m’appelle Axel Alletru, je me décris souvent comme l’homme qui a plusieurs vies. J’ai eu un accident le 27 juin 2010 et j’ai perdu l’usage de mes jambes. Ancien sportif de haut niveau et toujours sportif dans l’âme, j’ai voulu me reconstruire de nouveau dans le sport. J’ai fait de la natation, je suis devenu deux fois champions de France et ensuite le Dakar en 2021. Aujourd’hui, je suis un homme de défis, j’interviens également en entreprise en français et en anglais.
Pourquoi avoir choisi le sport comme levier de motivation pour ta reconstruction après ton accident de motocross ?
J’ai eu deux ans de rééducation, c’est important, parce que pendant ces deux années, j’ai essayé de récupérer le maximum de muscles. Pendant ces deux ans, on se reconstruit physiquement, mais aussi moralement. Et puis, ensuite, on se penche sur la reconstruction après le centre : que va-t-on faire à la sortie ? Comment va-t-on faire pour donner un sens à cette nouvelle vie ? De quelle manière ? Pour ma part, j’ai voulu repartir dans le sport, ça fait partie de ma vie. J’ai donc testé la natation, un sport que j’ai beaucoup affectionné, car je me sens libre dans l’eau. On ne voyait pas le fauteuil, donc pas de différence. On voyait d’abord un athlète performer et après le handicap.
Après avoir dépassé tes limites avec la natation, tu as décidé de renouer avec ton ancien sport : la motocross ? J’ai toujours eu un rêve, participer à la mythique course du Dakar, depuis tout petit. Ne pas le faire a toujours été un regret pour moi. Même après mon accident, j’avais toujours ce rêve en tête et je me suis posé beaucoup de questions : comment réaliser ce rêve ? Et c’est vraiment qu’à moto ce n’était pas possible, alors on a lancé un projet en voiture. Ça était une aventure extraordinaire, humaine avant tout ! Il faut savoir que ça n’a pas été si facile que ça, il a fallu monter un projet, trouver un demi-million d’euros, adapter une voiture avec mon handicap, prouver que j’étais apte à aller sur le Dakar. On l’a fait ! Nous y sommes arrivés, avec toute la motivation et la persévérance. Je fais une première historique, car je deviens la première personne en situation de handicap à avoir gagné une catégorie sur le Dakar, devant les valides. C’est un sacré souvenir !
Il y a quelques semaines, tu te lances un nouveau défi, participer à l’enduro du Touquet, pourquoi ?
En 2022, j’avais déjà été voir la compétition, pour repérer les lieux, j’avais déjà une petite idée en tête, un nouveau défi à réaliser. J’avais analysé la procédure de départ, les parcours, les conditions, pour savoir si avec mon handicap et une moto adaptée, je pouvais y participer. Je trouvais que c’était quelque chose de possible, donc on s’est lancé dans la conception d’une moto adaptée avec yama, pour que je puisse rouler malgré ma paraplégie. On a fait les premiers tests et tout était concluant, je me sentais en sécurité. La clé dans tout ça, c’est l’adaptation, parce qu’on a dû développer la moto, mettre le frein sur le guidon, pour que je puisse freiner avec ma main. Puis, j’avais envie de prouver à la fédération que je pouvais y arriver, que je pouvais y participer au même titre que les autres. On a fait sauter les verrous un par un jusqu’à arriver au Touquet il y a quelques semaines, pour prendre le départ de l’enduro. Qui aurait imaginé un jour faire le départ du Touquet alors que le 27 juin 2010, je perds l’usage de mes jambes.