Portrait de Romain
« Nous sommes fiers d’avoir pu fonder notre famille et nous sommes deux parents comblés depuis son arrivée. »
Je m’appelle Romain, alias Roro le costaud. J’ai 38 ans. J’ai une fille qui a 11 ans et je suis tétraplégique depuis bientôt 11 ans, à la suite d’un accident de ski. J’étais pompier avant d’avoir mon accident et j’ai eu la chance de rester dans ce domaine, en étant aujourd’hui, au centre d’appel.
Quand elle naît, ça a été une parenthèse dans ma rééducation, même si j’étais plus sur la fin qu’au début, mais j’étais loin d’être chez moi. J’avoue que c’était un petit échec pour moi,
car je voulais être prêt pour son arrivée, mais je n’ai pas réussi. Ce n’est pas tant moi physiquement, mais tout n’était pas prêt pour m’accueillir à la maison. La semaine qui a suivi
sa venue au monde, a été une semaine hors du temps. J’arrivais à avoir des dérogations pour quitter le centre de rééducation, parce qu’il faut savoir, qu’à partir du moment
où tu quittes le centre de rééducation, c’est comme si c’était un arrêt dans ta reconstruction. Je partais la journée, pour aller voir ma fille et le soir, je dormais au centre. Il a fallu s’adapter, ce n’est pas courant d’avoir un jeune papa, en centre. C’était même une première pour eux, donc tout le monde a fait en sorte que la situation se passe au mieux et qu’on puisse tout s’adapter à ce changement de vie. C’est un chamboulement, je me suis transformé en papa et à ce moment précis, j’avais juste envie de quitter le centre pour la retrouver. Quand on a un accident, forcément, on devient le centre du monde dans la famille, l’entourage, mais pour moi, mon centre du monde, c’était ma fille.
Il a fallu que je me fasse à l’idée que certains gestes n’étaient pas possibles, par exemple, prendre ma fille sur mon fauteuil et me déplacer. Je n’avais pas encore les capacités physiques que j’ai actuellement. Ça faisait moins d’un an, que j’avais ce nouveau corps, donc forcément pour moi, c’était plus difficile. Je pouvais la prendre dans mes bras, mais uniquement quand j’étais dans mon canapé avec un gros coussin. Pareil, au départ, je ne changeais pas les couches seul, car je ne pouvais pas la déplacer sur la table à langer. C’était une grosse frustration pour moi, parce que pendant l’arrêt maternité de sa maman, je m’occupais au maximum de ma fille avec mon ex-femme et le jour où elle a repris le travail, ma fille a dû aller chez la nounou, puisque je ne pouvais pas m’en occuper seule.
J’ai attendu qu’elle grandisse un peu, qu’elle acquiert des facultés pour m’aider. Un exemple, monter sur moi, en montant sur le canapé, puis le fauteuil.