Reportage photos par Laëtitia Peltier

Le projet de Laëtitia Peltier, photographie artistique et créatrice du projet « 80 % ».

Laëtitia Peltier aka Jamaya réside à Narbonne en Occitanie depuis 5 ans. Créatrice, elle se spécialise dans l’art du papier. Elle plie le papier anglais pour réaliser des fresques ethniques pouvant aller jusqu’à plus de 10 mètres. Elle aborde le pliage avec sa propre philosophie de la création : un maximum d’expression en iconographie des cultures du monde ! Tout s’enchaîne très vite. Les galeries d’Art l’exposent, car son style atypique dénote et plaît. Elle se fait connaître en 2014 sous le nom d’artiste Jamaya. Et c’est au fil des rencontres, dans la rue, au contact du quotidien vécu des gens, qu’elle apprend et se perfectionne en photographie. Son implication l’amène à se former dans le médico-social, afin de mieux appréhender les publics sensibles. Elle défie alors les codes du portrait. Lumière naturelle, sujets en mouvements, l’impression de temps en suspens… Et un studio photo à ciel ouvert.

« Je cherche l’authenticité de l’instant et l‘histoire de la personne qui se cache derrière l’image. » 80 % est un reportage photo sur le handicap invisible, en collaboration avec le média Petite Mu. 80 % des handicaps en France sont invisibles.

Amiens, Versailles, Paris, Tours, Chambéry, Montpellier, Toulouse, Aix- en-Provence, Narbonne, Argelès et Barcelone. Durant 6 mois, Jamaya s’est déplacée auprès des 21 personnes faisant partie de cette aventure artistique. Une volonté ni de cacher ni de montrer le handicap, juste de raconter une histoire. Celle de Richard, Eddy, Vanessa, Alice, Anaëlle, Mathilde, Marilou, Delio, Anthony, Julien (s), Alison, Irène, Julia, Tiffany, Mathieu, Lindsay, Aude, Virginia, Stéphanie et Maeva. Faire confiance à une photographe qu’ils ne connaissaient pas, réussir à lâcher prise quelques instants devant l’objectif, se redécouvrir à travers une photo prise dans leur quotidien, c’est ce que raconte cette série photo.

Photo 1AUDE, guerrière du vent. Diagnostiquée multi dys dès son plus jeune âge, Aude a bravé les défis liés à la dyslexie et à la dysorthographie tout au long de sa scolarité. Malgré le temps colossal nécessaire pour venir à bout de ses tâches scolaires et une fatigue persistante, elle n’a jamais faibli dans sa détermination. Son combat acharné l’a menée
à réaliser son rêve professionnel : devenir professeur d’EPS. En parallèle de son parcours académique, Aude s’est forgé une carrière en tant que kitesurfeuse semi-professionnelle, toujours poussée par sa passion indomptable pour les grands espaces et les sensations fortes. Dans ce monde guidé par le vent, elle trouve un écho de sa liberté intrinsèque. Sa fidèle compagne dans cette aventure est Lanza, sa chienne, avec qui elle partage une confiance et une amitié à toute épreuve.

Photo 2 • DÉLIO, rugby time. Lors de cette séance photo,
le terrain de rugby où Délio s’entraîne régulièrement est
baigné d’une lumière chaleureuse, prémices d’une belle
journée ensoleillée. Dans les gradins, sa mère est là, comme
toujours, portant un regard bienveillant et encourageant
sur son fils qui évolue sur le terrain. Délio est un passionné
de rugby, une passion qui l’habite depuis ses toutes
premières années. Il a su faire de cette passion une force,
un outil pour appréhender et surmonter son handicap
invisible. Malgré une dyspraxie hypertonique, une dysgraphie
et des troubles de l’attention, Délio s’est toujours donné
à fond dans ce qu’il aime. Son parcours n’a pas été sans embûches, la vie mettant sur sa route une maladie auto-
immune qui a touché ses reins, s’ajoutant à la liste des défis qu’il doit surmonter au quotidien.

Photo 3 • JULIEN, Échec et Mat. Julien, ancien semi-pro
cycliste, a subi un AVC à 39 ans, le laissant hémiplégique et
aphasique. Après 4 années de rééducation intense, il aborde
sa récupération comme une compétition cycliste, avec une
détermination inébranlable. Julien a combattu pour sa vie.
Aujourd’hui il se consacre à éveiller les consciences

Photo 4 • HASHKA, du silence à la symphonie.
Julien vit avec la Spondylarthrite Ankylosante depuis ses 12 ans, un diagnostic qui n’a été posé qu’à ses 17 ans grâce à l’intervention de son professeur de sport. Malgré ce début de vie marqué par les épreuves, il choisit de canaliser sa douleur et sa détermination dans la musique, Le chemin de Julien n’a pas été facile, car la maladie de Crohn s’est ajoutée à son tableau médical. Loin de se laisser abattre, il poursuit son rêve et continue de monter sur scène, micro à la main, pour partager son art. Chacun de ses tatouages
raconte un chapitre de sa lutte acharnée contre son propre corps. Au fil des ans, il se forge une identité artistique sous le nom de HASHKA et devient une figure respectée dans le monde du rap.

Photo 5 • IRÈNE, danse avec les vagues. Irène porte
en elle une force qui défie les éléments, incarne l’espoir et la résilience face à la mucoviscidose, une maladie qui l’a amenée à recevoir deux greffes de poumons. Fondatrice de Lavida Espera, elle prépare physiquement et mentalement les patients en attente de greffe, leur permettant de ne pas être de simples spectateurs dans l’attente mais des acteurs actifs de leur guérison.

Photo 6 • EDDY, extrême limite. Atteint de trois maladies chroniques et invalidantes, ayant subi l’amputation d’une partie de son système digestif, vivant avec l’équivalent d’un poumon en moins et plusieurs soudures osseuses causées par la spondylarthrite ankylosante, Eddy est l’incarnation
même de la résilience et de la force. Son parcours médical éprouvant, incluant sept mois d’alitement, n’a fait que renforcer sa détermination à embrasser chaque moment de la vie avec une ferveur inébranlable. Eddy est un véritable aventurier du quotidien, choisissant de brûler la vie par les deux bouts en s’attaquant à des défis sportifs majeurs. Un homme au grand coeur. Eddy a rallié Toulouse à Paris à vélo en six jours, couvrant une distance de 976 km. Une mission altruiste pour récolter des fonds pour la recherche
médicale contre la spondylarthrite ankylosante et soutenir les patients atteints du cancer. Ce défi a été mené avec l’équipe dévouée de l’association DASSOS qu’il a fondée.

Photo 7 • JULIA, vol audacieux. Julia, circassienne
tenace, a grandi sous les chapiteaux et oeuvre au quotidien pour faire de sa passion son métier. En apesanteur, suspendue à son cerceau aérien, elle s’illustre avec son handicap invisible, une paralysie des releveurs du pied droit et des douleurs neuropathiques chroniques. Son acte militant et rêveur repousse les limites, démontrant que le
Cirque peut accueillir chacun, tel qu’il est avec son corps, ses vécus ses forces et ses faiblesses. Entre larmes et sourires, Julia incarne la détermination et la grâce, inspirant chacun de nous.

Photo 8 • VIRGINIA, Sakura. À 36 ans, Virginia
jongle habilement entre son rôle de maman, son travail
d’ingénieur, et le défi quotidien que représente le syndrome de Bartter, une maladie rénale rare et invalidante. Engagée, elle a commencé des projets remarquables, dont la conception d’un livre pour enfants et d’un livret explicatif sur sa condition médicale, brisant ainsi les préjugés. Virginia
a construit une perspective optimiste et résiliente depuis son diagnostic en 2017, cherchant la beauté et la force dans les défis de la vie quotidienne.

Photo 9 • MATHIEU, esquisse d’un champion. À l’âge de 17 ans, Mathieu se voit diagnostiquer une tumeur cancéreuse au bas-ventre. Une complication lors de l’intervention chirurgicale pour retirer la tumeur entraîne la section du nerf alimentant le quadriceps de sa cuisse droite, affectant gravement sa motricité. Malgré les prédictions sombres de son chirurgien, Mathieu refuse de se résigner. Il consacre dix années de lutte intransigeante pour retrouver la faculté de marcher, puis, au-delà de toute attente, de courir à nouveau. Son dévouement et sa persévérance portent leurs fruits : il est aujourd’hui classé 6e au rang mondial en parabadminton. En ligne de mire, une place dans le top 4, qu’il vise ardemment à l’issue des 14 matchs de qualification pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024.